La ville de Bafoussam a connu, ce vendredi 28 Novembre 2025, l’un de ses rendez-vous les plus décisifs de l’année. Un atelier scientifique, technique et stratégique, au cours duquel l’Observatoire National sur les Changements Climatiques (ONACC) a dévoilé un rapport puissant, presque alarmant, mais ô combien nécessaire car il est axé sur la spatialisation des zones à risques climatiques dans la capitale régionale de l’Ouest.
Un document qui ne laisse aucune place au doute. Bafoussam est en première ligne face aux effets du dérèglement climatique, et le temps d’agir n’est plus demain, il est désormais immédiat.

Pourquoi ?
Lors de son discours d’ouverture, Ing. FORGHAB Patrick MBOMBA, Directeur Général Adjoint de l’ONACC, a mis en lumière l’aggravation des phénomènes climatiques extrêmes (inondations et glissements de terrain) qui frappent la ville de Bafoussam. Il a ensuite souligné que : «L’objectif principal de cette étude est de cartographier et d’analyser les risques climatiques, en particulier les inondations et les glissements de terrain dans la ville de Bafoussam, afin de mieux comprendre leur distribution géographique, d’anticiper leurs évolutions futures et de proposer des mesures de prévention, d’atténuation et d’adaptation visant à renforcer durablement la résilience urbaine face aux effets du changement climatique.»

Bafoussam exposée aux inondations
Le rapport révèle une masse de données qui frappe comme un électrochoc.
Quelques chiffres qui parlent d’eux-mêmes :
- 19 % de la superficie totale de Bafoussam est aujourd’hui exposée aux inondations.
- Plus de 3 200 bâtiments se retrouvent dans des zones d’inondation.
- 3 111 bâtis identifiés en zones à haut risque de glissements de terrain.
- Plus de 2 000 points de données géoréférencés collectés sur le terrain.
- Entre 2017 et 2023, la ville a perdu 6 200 hectares de terres naturelles, absorbées par l’urbanisation galopante.
La conclusion est sans appel : le visage de Bafoussam change trop vite pour un climat qui, lui, change encore plus vite.

Bafoussam est un laboratoire des crises climatiques
Comme un rappel brutal, les experts de l’ONACC sont revenus sur les épisodes tragiques qui ont marqué la ville :
- Ngouache 2019 : 42 morts après un glissement de terrain dévastateur.
- L’effondrement du boulevard de l’Archevêché.
- Les inondations destructrices de 2020 et 2023, emportant routes, ponts, écoles, habitations.
Bafoussam n’est pas seulement “exposée”.
Elle est déjà frappée. Et selon le rapport, ce n’est qu’un début si rien n’est fait.

Un travail scientifique lourd, précis, indiscutable
Avec un professionnalisme rare, l’équipe de l’ONACC a compilé une quantité impressionnante de données.
Méthodologie robuste :
- Images satellitaires Sentinel,
- Modèle numérique d’élévation,
- Analyses hydrologiques fines,
- Levés GPS,
- Cartographie d’occupation du sol,
- Modélisation multi-risques 2023.
Le résultat : des cartes qui ne mentent pas, traçant avec une précision chirurgicale les zones vulnérables, les pressions humaines, les risques futurs.

Un message clair adressé aux décideurs
Ce rapport n’est pas une simple lecture académique. C’est un véritable outil de gouvernance, voire un avertissement institutionnel.
Les données recueillies appellent :
- une révision urgente du plan d’urbanisme,
- une interdiction stricte de construire dans les zones rouges,
- un renforcement des capacités de drainage,
- une reforestation ciblée,
- une protection des collines instables,
- une surveillance météorologique accrue.
Ce document devrait devenir la boussole des décideurs d’autant plus qu’il n’y a pas de développement possible sans résilience climatique.

Un atelier marqué par la rigueur… et l’espérance
Les échanges ont été intenses, techniques, mais constructifs. Experts du domaine et autorités, ont reconnu la même urgence qui st d’agir avant que le pire ne se répète.

Et maintenant ?
Le rapport est validé.
Les cartes existent.
Les chiffres sont indiscutables.
Les risques sont connus.
Les moyens techniques sont disponibles.
Il reste une seule variable : la volonté d’agir. Parce qu’à Bafoussam, la prochaine catastrophe ne dépendra pas du climat, mais de notre capacité collective à le comprendre et à s’y adapter.










